J'entre dans la chambre de soin intensif. En voyant ma Grand-mère allongée qui se laisse partir, mon corps lâche les larmes du coeur.
- Bonjour Mémé...
- Christophe? Tu es venu? Attention, j'ai le Covid. Elle recroqueville ses mains.
- Mémé, je suis au courant. Pour entrer dans la chambre, l'équipe médical m'a fourni le nécessaire. Tu ne vas t'y mettre non plus?
- Oui, l'équipe est bien. Ils s'occupent bien de moi. Avec le Covid ou d'autres périodes difficiles, il y a des apprentissages à en tirer, dit-elle fièrement. Profites-en.
... Tu pleures. Tu as toujours été émotionnel.
- Ben mets-toi à ma place...
Et... Tu as vu les actualités?
- Non, ça ne m'intèresse plus. Je ne regarde pas la télé de la chambre. Elle reste éteinte. Je suis fatiguée. Je veux être tranquille, se prononce-t-elle sur un ton calme et déteminé.
Je m'assois. J'éclates en sanglots.
- Ecoute Mémé, tu as été une magnifique Grand-mère pour moi. Et je t'aime.
- Christophe, moi aussi je t'aime. Je suis fier de toi.
Je me prépare à sortir de la chambre. Ma main gantée serre la sienne. Les larmes repartent de plus belle...
- Christophe, c'est la vie, me dit-elle avec un sourire.
Elle me serre aussi la main. Son geste me traverse, un ressenti qu'elle me donne son adieu.
- Mais Mémé, tu vas me manquer...
- Je suis là, je reste présente.
- ... ça roule. Je lâche la main. Je reviens demain!
Le lendemain, je touche une dernière fois son corps reposé. Je la salue. Ses obsèques se sont déroulés le vendredi 13 novembre. Cette date témoigne. Mémé assure jusqu'au bout.
Même s'il a fallu que je bataille pour voir ma Grand-mère, je remercie les personnels soignants de l'Hôpital ainsi que celles et ceux qui l'ont accompagnées ces dernières années.
Ma Grand-mère, née dans les années 30-40 de famille catalane, est venu en France à cause, soit-disant, de Franco. Elle m'a racontée comment, malgré sa différence, elle a réussi à s'intégrer. Elle m'a transmis un amour des racines culturelles. Je me suis souvent demandé l'origine de cette passion des pratiques populaires. Maintenant, je ne me pose plus la question.
Puis, comme l'a si bien dit Mémé, c'est la vie!