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Photo du rédacteurChristophe Nevado

Ma présentation d’Éducateur Technique Spécialisé: 2ème item les pédagogies de l'apprentissage (3/4)

Après l’écriture du référentiel des compétences, je passe à l’écriture de la carte de progression pédagogique. Et là, c’est un domaine pointu…

L’origine du mot pédagogie qui vient du grec « paidagogós », composé de « paidos » (enfant) et de « gogía » (mener ou conduire), est la science de l’éducation de l’enfant. Dans l’antiquité, le pédagogue était l’esclave qui accompagnait l’enfant à l’école, lui portait ses affaires mais lui faisait aussi réciter ses leçons, l’aidait dans ses devoirs. Il guidait l’enfant dans l’acquisition du savoir. La pédagogie est aussi la qualité de celui qui sait transmettre les connaissances. « C’est l’enveloppement mutuel et dialectique de la théorie et de la pratique éducative par la même personne, sur la même personne. Le pédagogue est un praticien de l’action éducative. Il cherche à conjoindre la théorie et la pratique à partir de sa propre action, à obtenir une conjonction parfaite de l’une et de l’autre, tâche à la fois indispensable et impossible en totalité (sinon il y aurait extinction de la pédagogie) » (source : J.Houssaye, la pédagogie: une encyclopédie pour aujourd’hui, ESF, Issy-les-Moulineaux,7eme éd.,2007) . Il y a un écart entre la théorie et la pratique. La théorie nourrit la pratique mais s’en échappe toujours un peu. Le même raisonnement s’applique à la pratique pour la théorie. La pédagogie articule ces deux entités.

Au fil du temps, la notion de pédagogie évolue et plus particulièrement au 20ème siècle. Un mouvement de l’éducation nouvelle naît. Elle considère l’éducation comme un acte global de la construction de la personne et non comme le remplissage (de connaissances) d’un « vase vide ». Freinet amène dans ses pratiques éducatives l’écoute des besoins de l’élève. Il s’est basé sur la libre expression de chacun et le tâtonnement expérimental. Au vu de ces évolutions, nous pouvons dire aujourd’hui que la pédagogie est un ensemble de procédés mis en place pour qu’un sujet puisse apprendre librement. Ces procédés nécessite d’être balisé pour que l’accompagnement soit progressif et convienne aux mieux à l’apprenant, tout en lui proposant un large éventail qui lui permette de réfléchir à des perspectives. De nos jours, le sens de pédagogie renvoie davantage à la manière dont va se faire la formation de l’enfant qu’au contenu proprement dit de cette formation. En ce sens, la pédagogie est un ensemble de moyen mis en œuvre par la communauté éducative (famille, école, institution, centre de loisirs, association). La pédagogie permet d’entraîner la mobilisation de savoir, savoir-faire associés (savoir-être) et savoir-faire acquis afin de pouvoir y construire des compétences.

Durant la formation d’E.T.S., j’ai découvert différentes pédagogies. Au travers de l’apprentissage, les pédagogies participent à la construction de l’individu. Aussi, il est nécessaire de connaître les pédagogies les plus adaptées à l’apprenant pour que l’apprentissage soit optimal. L’accompagnement de la personne consistera à identifier son code d’apprentissage afin de connaître sa manière d’acquérir des connaissances. Lors des temps d’encadrement technique des jeunes, l’E.T.S. se questionne sur sa pratique pédagogique : « en tant que professionnel du social, quelles pédagogies, quelles méthodes, quels outils puis-je mettre en place pour accompagner au mieux l’orientation professionnelle et sociale des différents jeunes ? » Pour répondre de la meilleure manière possible, j’aborderai les notions étudiées en formation. Cette réflexion permet de réfléchir aux actions éducatives appropriées au public en situation de handicap.


a. La taxonomie de BLOOM :

Je commencerai par la taxonomie de Bloom (1956), psychologue spécialisé en pédagogie, qui classe dans le domaine cognitif des objectifs pédagogiques. Ce classement comprend 6 niveaux, du plus simple (en bas de la pyramide) au plus complexe (en haut de la pyramide) : la connaissance, la compréhension, l’application, l’analyse, la synthèse, l’évaluation.



Cet outil de travail permet d’affiner les objectifs d’apprentissages et d’axer la finalité de la séance d’apprentissage en terme de « capacité à ». Ainsi, sur l’atelier, je définis les objectifs selon la personne accompagnée. J’adapte l’objectif en fonction de son potentiel. La taxonomie de Bloom aide aussi à planifier des séances d’apprentissages. En suivant les étapes de la taxonomie, l’E.T.S. organise les séances selon une logique. Cette organisation permet de construire une carte de progression pédagogique appropriée à la personne, d’entreprendre des actions pédagogiques selon le niveau de chacun. Grâce à cet outil, j’évalue le niveau de l’apprenant. Je peux mettre au point des objectifs de formation avec des degrés de complexité. Comme je donne la possibilité au jeune d’accéder à l’apprentissage, je lui permets de gagner confiance en lui, de renforcer son identité personnelle et au sein du groupe. A travers l’encouragement d’initiatives et une ambiance bienveillante, l’E.T.S. cherche à développer chez l’apprenant son autonomie et sa capacité à choisir seul et en groupe.

Au fur et à mesure des séances, je me rends compte que je suis souvent dans une démarche inductive. Avec observation, je laisse l’apprenant expérimenter et découvrir pour qu’il fasse son propre apprentissage. Je questionne aussi pour qu’il théorise, pose des mots sur leurs actions. Et si nécessaire, j’applique une démarche déductive. Je vois qu’en fonction de la situation, j’ajuste l’objectif d’apprentissage. Il en découle la pédagogie par objectif.


b. La pédagogie par objectif :

La pédagogie par objectif émerge aux Etats-Unis dans l’enseignement technique vers les années 70. Elle propose de « définir les objectifs pédagogiques en terme de comportement observable de l’élève, de façon à donner les moyens d’évaluer l’efficacité de l’action et d’améliorer celle-ci. » (source : Raynal F., Rieuner A., Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, Paris, ESF Editeur, 1997). Elle sert à définir clairement la tâche à apprendre, à la décomposer en sous-tâches et d’identifier pour chacune d’entre elle les capacités associées. Ce découpage précis permet de décliner un objectif d’apprentissage en sous-objectifs (savoir, savoir-faire, savoir-être) : ce sont des compétences. Cette décomposition aide à spécifier un objectif de validation et d’évaluation finale. Elle permet à l’apprenant de s’auto-évaluer. C’est une phase fondamentale. Il devient alors observateur de sa propre réalisation, ce qui le place au cœur de son apprentissage. A travers des échanges avec lui, nous analysons, manipulons, débattons, testons et évaluons des résultats. L’objectif pédagogique cible l’apprentissage de l’apprenant et est évaluable dans l’atelier. Les critères d’évaluation porteront sur le geste lors d’une situation, c’est-à-dire sur une compétence. L’évaluation dépendra de la situation et peut comporter différents niveaux de maîtrise.

Ce quadrillage fin de l’apprentissage permet d’élaborer des référentiels de formation, des grilles d’évaluation adaptées. Grâce à cette pédagogie, l’apprenant réalise sa propre progression, pose les bases de son apprentissage. Le guidage des actions est plus précis. L’utilisation de cette pédagogie aide à réfléchir avec l’apprenant aux outils adaptés à son accompagnement (référentiel emploi activité compétence, carte de progression en lien avec l’atelier).


c. Le triangle pédagogique de Jean Houssaye :

Pour se situer dans la transmission du savoir, le formateur s’appuie sur le triangle pédagogique de Jean Houssaye :



La relation de l’E.T.S. avec l’apprenant est avant-tout pédagogique. Le travail d’E.T.S. consiste à adapter le savoir à l’apprenant. Ceci pour que l’apprenant réalise son propre apprentissage.


d. Les courants et démarches pédagogiques :

Après m’être situé dans l’espace pédagogique et pour repérer l’action à entreprendre dans cette transmission, je tire profit de courants et démarches pédagogiques. Grâce à ce lien, vous avez accès à deux guides bien illustrés. Dans ma pratique d’E.T.S., pour l’instant, je me base sur ces tableaux. C’est une version synthétique du premier guide.


e. La pédagogie institutionnelle :

Il faut noter que la connaissance de l’institution, dans le cadre d’un accompagnement respectant les règles de celle-ci, est un support à l’action pédagogique. Que signifie « institution » ? Par « institution », j’entends « l’ensemble de normes qui s’appliquent dans un système social et qui définissent dans ce système ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas » (source : Mendras H., dans Petit F., introduction à la psychosociologie des organisations) . L’I.M.E. comme l’I.T.E.P. est une structure régie par des règles qui définissent ce qui se fait ou pas à des endroits donnés et des moments donnés. Au sein de l’atelier, ces règles ont une signification différente. La pédagogie institutionnelle a « pour origine le mouvement Freinet et la psychothérapie institutionnelle » (source Raynal F., Rieuner A., Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, Paris, ESF Editeur, 1997). Son but est que l’institution, avec toutes ses spécificités, devienne un lieu de vie qui éduque, enseigne, forme, produit, sert tout en restant dans le réel contexte ordinaire des professionnels et des usagers. « La pédagogie institutionnelle est inscrite dans la lignée de la pédagogie active apparue au début du XXe siècle. Elle se fonde à partir d’A.Ferriere, pédagogue suisse, l’instigateur de l’éducation nouvelle. Associé à J.H.Pestalozzi, O.Decroly, M.Montessori, C.Gattegno et C.Freinet, ils ont été les premiers à utiliser l’appellation de pédagogie active » (source : M. Rossini, La pédagogie moderne, RETZ. 1992). La pédagogie active est une pédagogie qui implique l’apprenant dans des situations (fictives ou réelles) pour qu’il utilise ses compétences et les fasse évoluer. Il réalise son propre apprentissage. « C’est en 1958 au Congrès du Mouvement Freinet sur ‘l’expression libre’, que le docteur F.Oury propose le terme de ‘pédagogie institutionnelle’ pour désigner une nouvelle orientation prise par un groupe d’instituteurs à l’intérieur du mouvement » (source : Meirieu Ph., apprendre en groupe, tome 1, itinéraires des pédagogies de groupe, chronique sociale). La pédagogie institutionnelle équivaut à une pédagogie active du groupe. Le pédagogue ne donne aucune directive et refuse de commander. Ceci pour que le groupe s’organise lui-même (définition des lieux, des objectifs). Le groupe « non-dirigé » peut se retrouver confronté à des conflits. Ces conflits se résoudront grâce à des instances de concertation ou de jugement inventé par le groupe, le pédagogue a le veto pour des raisons de sécurité. Ce type de pédagogie permet aux apprenants de tirer profit de la dynamique institutionnelle. Aussi, la structure (avec ses loi, réunions) et l’organisation de l’atelier nécessite d’être pensé en fonction de l’institution.


f. La pédagogie différenciée :

Le groupe comprend des individus avec des niveaux différents. Au vu de ces différences et lors de séance d’apprentissage, l’E.T.S. applique une pédagogie différenciée. « Chaque élève apprend à sa manière, selon son ‘style d’apprentissage’, et […] chacun présente à la fois des compétences et des difficultés spécifiques » (source : Raynal F., Rieuner A., Pédagogie, dictionnaire des concepts clés, Paris, ESF Editeur, 1997). Cette pédagogie permet dans un groupe de prendre en compte les difficultés individuelles. Le traitement pédagogique se différencie en fonction des caractéristiques de chacun.


g. La pédagogie de l’erreur :

Je terminerai avec la pédagogie de l’erreur. J’ai pu observer souvent que l’erreur a une connotation négative. Pourtant D.Fabre (docteur en neuroscience et professeur de l’éducation) spécifie que «l’erreur est une information et non une faute ». Aussi l’erreur n’est pas grave. De plus, elle fait partie intégrante de l’apprentissage. C’est un droit qui doit être reconnu et pris en compte. Le travail sur l’erreur aide à instaurer un climat de confiance, à dédramatiser et à soutenir l’apprenant dans son action. Elle devient un matériau collectif pour la construction du savoir. Par ce procédé, le jeune apprend à corriger et comprend la raison de la correction. Il gagne en autonomie. Il s’agit d’utiliser l’erreur comme un instrument de construction.


Avec des jeunes accompagnés en Institution, l’E.T.S s’appui généralement sur la pédagogie institutionnelle et utilise la pédagogie différenciée ainsi que la pédagogie par l’erreur. La transversalité de ces pédagogies permet à la fois de tirer profit de l’environnement pour individualiser les apprentissages, tirer profit des erreurs pour garder une cohérence de groupe.

De plus, grâce à des cours de psychologie suivi lors de sa formation, L’E.T.S. est un professionnel de la psychopédagogie. A travers sa pratique, il étudie, prévoit et corrige les difficultés que peut présenter un jeune durant le processus d’apprentissage ; quelque soit l’obstacle (physique, psychique, social, matériel) sur le terrain.

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